2008- La chasse

J’écoute patiemment la réponse de Selwyn. Ses paroles me réconfortent et m’attristent tout à la fois. Je suis libre de partir et j’aurai plus de chance de ne pas être poursuivie s’il m’en sur mon état.

- Je comprends votre situation, Selwyn, si j’ai pris ce chemin, c’est un peu pour venger les miens. Prenez vos vengeances là où vous le pouvez. D’ailleurs, vous devriez voir ma fuite comme une part de vengeance. Si je suis réellement l’élu, vous empêchez Corbeau de m’avoir, et de trouver exactement ce qu’il recherche.

Une fois que j’eus fini de parler, ne disant pas adieu, je me suis glissée en bas de l’arbre. Attaquée par les odeurs fétides de la bataille je me suis empressée de me dirigée vers l’est, là où je devais trouver un lac. Sous mes pas, je trouve maintenant les petites fleurs blanches que nous étions venus chercher quelques heures plus tôt. Elles me sont maintenant inutiles et je passe mon chemin, hantée par les souvenirs de cette journée éprouvante.

M’enfonçant dans la forêt, mon environnement s’assombrit. Bientôt, les bois me semblent plus humides et un fort sentiment d’oppression commence à m’habiter. Tous mes sens sont en alertes, comme si j’étais observée de toute part. Malgré tout, je continue d’avancer, me disant à moi-même, que ce n’est que le fruit de mon imagination. Soudainement, au détour d’un bosquet d’arbres, je peux entrevoir les reflets miroitants du lac. Au même moment, l’odeur vacillante d’un feu de bois me parvient. Je tends l’oreille et n’arrive à distinguer aucuns sons étrangers à la forêt.

Curieuse, je continue mon chemin vers le feu, m’orientant par l’odeur et ayant maintenant totalement oubliée l’impression d’être observée que je ressentais depuis un moment…

Par une magnifique journée d'automne, Gurdilian le nain avait décidé que les rives de ce lac si paisible serait le plus bel endroit pour faire une petite sieste. Voilà plusieurs jours déjà qu'il avait quitté son chez-lui afin de percer les secrets de la barrière épineuse entourant Antinéor. La forêt était hors d'atteinte depuis de longues années déjà, des siècles en fait et les légendes l'entourant étaient nombreuses. Qu'est-ce qui se cachait derrière les ronces? Était-ce quelque chose qui y était prisonnier ou pour empêcher ceux de l'extérieur de venir piller ses richesses?

À mesure qu'il s'était rapproché, Gurdil avait entendu des rumeurs. Une bande de hors-la-loi avait prit le chemin de la forêt récemment. Une bande bien organisée qui semait la désolation sur son chemin, menée par un certain Corbeau, autrefois pirate le long de la côte. Sûrement de grandes richesses avaient mené les pirates à tenter leur chance dans cette forêt maudite.

Pourtant, le nain n'avait pas rencontré grand danger. La barrière épineuse était affaiblie, flétrie par endroits et sa hache avait tôt fait de lui dégager une voie. Rien ne l'avait attaqué, pas un de ces farouches druides ou esprits de la forêt pour l'arrêter dans son avancée. Pas d'animaux sauvages, pas même un natif de la forêt, rien.

Ses pas l'avaient menés peu à peu près des rives de ce lac, où il s'était fait un petit feu, peut-être dans le but d'y cuire, plus tard, le poisson dont le lac foisonnait et qui sautait à la surface de temps en temps. Mais il y avait quelque chose d'étrange dans cette forêt. Depuis qu'il y avait mit les pieds, il ne pouvait se départir de l'impression que ses moindres faits et gestes étaient observés... mais en bon nain ne se compliquant pas la vie avec la sorcellerie, le sommeil était venu le chercher.

Tedjal approche donc à pas de loup de l'odeur du bois qui brûle, pour découvrir sur le rivage de sable et de galets un nain, bien rondelet et barbu, confortablement installé et qui fait la sieste. Un sac à dos usé par le temps lui servant d'oreiller et une solide hache à deux mains à portée de ses doigts. En observant davantage, la rôdeuse peut voir une cotte de maille à travers les vêtements amples portés par le nain à la barbe et cheveux bruns.

Le cri subit d'un héron vient briser le calme, l'espace d'un instant. Est-ce suffisant pour réveiller le nain? Que va faire Tedjal d'une telle trouvaille?

Ces longs mois passés sous la montagne, dans la pénombre des souterrains et la lueur des torches, voilà à quoi Gurdil était habitué. Aussi, lorsqu’il en sortit, il fut frappé par l’éclatante clarté du jour et l’odeur d’herbe mouillée. Alors que ses yeux s’habituaient à ce changement de luminosité, son nez se mit à le chatouiller et bientôt, l’écho d’un éternuement se répercuta dans la vallée. Il renifla bruyamment et se frotta le nez du revers de la manche, un petit sourire aux lèvres.
« Quelle entrée !, s’esclaffa-t-il, ou plutôt devrais-je dire quelle sortie ! »

Gurdil avait voyagé en direction de la forêt, récoltant par ci par là quelques bribes d’informations à son sujet dont la plupart ne semblaient pas très attrayantes. Cependant, l’œil du nain se mit à briller lorsqu’il entendit parler de pirates attirés par de grandes richesses. Si ceux-ci avaient quittés leur navire pour se rendre dans la forêt, c’est que ça devait en valoir la peine ! Ignorant les recommandations de ces divers informateurs sur le danger que pouvait représenter cette bande de brigands, le nain pénétra à l’intérieur d’Antinéor.

La facilité avec laquelle il avait passé le mur d’épines l’avait rendu quelque peu sceptique, il s’attendait à bien plus de résistances et il se demandait si toute cette partie des légendes sur ces terribles gardiens et autres monstruosités n’avaient pas été inventées de toute pièce par les mamans désirant faire peur à leurs nanillons désobéissants. D’un autre côté, ça l’arrangeait bien de ne pas devoir se retrouver face aux druides surpuissants qu’il s’était imaginé. C’est donc le cœur léger qu’il fit ses premiers pas dans ce lieu qui pour lui était à la fois inconnu et légendaire.
Il ne se sentait pourtant pas à son aise, comme si on l’observait, mais il avait fini par mettre ça sur le dos du dépaysement. Il n’était plus dans ses chères montagnes dont il ne s’était jamais vraiment éloigné….

Alors qu’il approche d’un lac où il compte bien s’arrêter, il entreprend de ramasser du bois sec tout en cherchant un bon coin où s’installer. Bientôt, il repère une vieille souche contre laquelle il pose son petit bois, son sac à dos et son séant. Il pousse un long soupir tout en jetant un regard autour de lui. Le lac semble remplit de vie et les poissons qui forment de plus ou moins grosses ondes lorsqu’ils remontent à la surface le décide à allumer un feu. Il en profite également pour se désaltérer en buvant l’eau du lac dont il rempli son outre. Il recoiffe ensuite sa barbe en l’humidifiant et se lance en quête d’un poisson un peu trop curieux dont il pourrait se saisir.

Le ventre bien rempli, il retire ses bottes mouillées et les installe près du feu. Ainsi, bien installé contre la souche et son sac à dos en guise d’oreiller, il ne tarde pas à s’endormir, les doigts de pieds en éventail, oubliant pour un temps les dangers de cette forêt, et cette sensation permanente d’être épié.

Le silence harmonieux était uniquement troublé par les ronflements de Gurdil, aussi, lorsque les cris d’un héron retentissent, le nain gigote en ronchonnant. Toujours à demi ensommeillé, il enlève un galet qui s’était logé sous ses fesses et le lance à l’aveuglette vers la source du vacarme….

Bien avant de voir le nain, j’entendis ses ronflements. M’étant rapprochée graduellement de l’endroit où se trouvait le feu et d’où provenait les ronflements, je pus observer un nain, couchés sur la rive. Ne me semblant pas être une menace immédiate, je sortis de ma cachette pour m’avancer vers la rive. C’est à ce moment qu’un héron poussa un cri retentissant qui résonna sur l’eau du lac.

Surprise, je vois le nain s’éveiller à mes côtés, retirer disgracieusement un galet de sous ses fesses et s’élancer vers la source du bruit. La situation me fait bien rire. Il est clair que le nain n’attrapera jamais le héron qui a tôt fait de prendre son envol. Bien malgré moi, je me mets à rire devant la scène du nain encore endormi pourchassant l’oiseau. Retenant mes côtes, je tente de contrôler assez mon esclaffement pour parler.

- Pauvre vous, je ne crois pas que vous auriez été un grand danger pour ce misérable héron ou qu’il en fut un pour vous…

Je m’approchai, curieuse, mon peuple avait toujours vécu reculer et, bien que j’aie entendu parler du peuple des nains, je n’en avais jamais vu auparavant. D’ailleurs, je le reconnus en tant que tel seulement grâce aux descriptions qu’on m’en avait faites. Après cette rencontre-surprise, je lui laissai le temps de reprendre ses esprits et de prendre conscience de tout ce qui venait de se passer.

Gurdil est de mauvais poil. D’abord la pierre qu’il a lancée n’a pas l’air d’avoir fait mouche, puis il s’est levé toujours pieds nus et a eu le temps de faire deux ou trois pas vers le héron en remuant les bras et en jurant contre l’oiseau avant de se rendre compte que quelque chose d’autre se trouvait près de son campement.
Le cœur du nain manque alors un battement dans sa poitrine lorsqu’il aperçoit la créature dont l’apparence est celle d’une femme et qui l’observe d’un air amusé.
La situation n’est pas à l’avantage du nain, tel le balancier d’une horloge, ses yeux se posent alternativement sur l’inconnue et sur sa hache qui est toujours posée soigneusement contre le tronc d’arbre.

Ensuite la femme se met à rire et lui adresse même la parole. Plusieurs questions viennent alors à l’esprit de Gurdil : L’avait-elle suivit lorsqu’il avait pénétré dans la forêt ? Vivait-elle ici, parmi les monstres de légende ? Etait-elle l’une des leurs ? A moins qu’elle ne fasse partie de ce groupe de pirates, et alors elle n’était pas seule…

Puis le visage du nain s’empourpre à la fois de colère et de honte, elle se moque de lui ! Sa barbe tremblant d’indignation, il lui répond :

- Révèle ta vraie forme, si tu es une créature de la forêt ! Et cesse de te moquer de moi !

Le nain se prépare à bondir sur sa hache si jamais la jeune fille se change en un terrible monstre…

Le galet lancé par le nain est accueillit par l'eau avec un "splosh" bien retentissant, qui amène un autre cri du héron, comme s'il narguait Gurdilian de ce vain effort pour le faire taire puis le calme serein revient sur le lac. Malgré tout, l'impression continuelle d'être observés flotte sur Tedjal et Gurdil, aussi pesante qu'un lourd manteau. L'obscurité s'installe autour d'eux, comme si la nuit approchait mais pourtant le soleil est encore haut dans le ciel. La pénombre par contre fait ressortir quelque chose, une lueur au fond du lac, qu'ils n'auraient pu percevoir au plein jour.

(vous pouvez continuer à faire connaissance)

Gurdilian garde toujours un œil sur l’inconnue tandis que le ciel s’obscurcit. Tout ceci n’est pas naturel, ce ne sont pas les nuages qui cachent le soleil mais bien quelque chose dans la forêt…
Le nain se tenait les mains sur les hanches, attendant une réaction de la femme. Au bout d’un moment, il fait mine de se racler la gorge puis se dirige droit vers ses bottes, et après les avoir enfilées, se place dos à sa hache de manière à la dissimuler à la jeune femme dont il ignore encore quelles sont ses intentions.
Soudain, il remarque une tache de lumière dans l’étendue d’eau du lac, machinalement il recule de deux trois pas en arrière et son pied heurte le fer de son arme. Il tend alors discrètement une main derrière son dos et jette des regards inquiets vers le lac et vers l’inconnue, ne sachant pas trop ce qui était le plus dangereux des deux pour le moment.

[hj: Désolé pour l'absence. Fin de session et mon patron a décidé qu'on allait tous travailler une journée de plus à la job...All work and no play....]

Après avoir calmée mon fou rire, je m’apprête à répondre au nain lorsque le sentiment envahissant d’être observée me submerge à nouveau. Soudainement, le ciel s’assombrit et une pénombre s’installe dans la clairière et sur le lac. Étonnée, je jette un regard sur toute la clairière en m'arrêtant enfin sur le lac.

Le lac!

Une douce lueur y est apparue, scintillant au plus profond du point d’eau. Ensorcelée, je m’approche lentement, tout en signalant au nain de rester silencieux. Je n'avait pas totalement cru Selwyn à son sujet, mais cette lueur, j'arrive à peine à croire qu'elle existe vraiment.

Je me retourne alors vers le nain pour lui demander, en proie à l'étonnement

- Vous voyez la lueur? Je ne l'imagine pas?

(hj : Pas de problème pour l'absence, il y a pas que le jeu dans la vie et puis j'en ai aussi des absences de temps en temps... quoi qu'est ce que vous dites ?... euh où en étais-je déjà ?)

Absorbée par la lueur scintillante sur le lac, la dame ne semble pas avoir remarqué la manoeuvre de Gurdil pour se saisir de sa hache bien aimée. Ou alors n'a t'elle pas pris le nain pour une menace assez importante pour l'empêcher de prendre son arme. Ces créatures ne semblent pas être au courant de tout ce qu'un nain peut faire avec ou sans arme...
Gurdil se surprit à rire intérieurement. Puis réalisant que la menace du lac se fait toujours ressentir, il se prépare au combat.

L'inconnue se tourne alors vers le nain et lui demande si il voit également la lueur ou si c'est son imagination qui la travail, Gurdil lui jette un regard surpris

- Hein ! Bien sûr que je la vois cette lumière dans l'eau, je sais pas ce que c'est mais ça me dit rien qui vaille... Vous feriez peut être mieux de rester à l'écart !

Apparemment ce genre de manifestation étrange n'était pas courant, même pour la région...